Managers, comment travailler avec un rival ?

Vous venez d'être proposé pour un nouveau projet cross-fonctionnel et vous vous apercevez que vous allez travailler avec un rival direct. Cet article vous donne des pistes de comportement.

Managers, comment travailler avec un rival ?
Photo de Larry Costales

Si vous me connaissez un minimum et me suivez depuis quelques temps, vous savez certainement que j'aime que les choses soient claires.

L'une des réalités lorsque l'on est manager, c'est que notre équivalent du service d'en face peut potentiellement avoir envie de grimper plus vite, et plus fort, que nous la fameuse échelle de la pyramide hiérarchique.

Plus vite vous intègrerez que l'ambition personnelle reste une motivation voire une aspiration pour de nombreuses personnes (peut-être même pour vous d'ailleurs) plus vite vous comprendrez le jeu "comportementalopolitique" (mot compte triple) que certains adoptent.

Je considère donc que travailler un rival est une véritable expertise qui repose sur plusieurs grands principes, que je m'en vais détailler dans cette publication. Je vous proposerai ensuite une conclusion réflexive pour tenter de "philosopher" un peu.

Les grands principes pour gérer la collaboration avec un rival

1. Ne la jouez pas "faussement décontracté"

Ce que j'entends par cette notion est simple : ne faites pas semblant de ne pas être conscient de la situation. La première grande qualité que vous pourriez manifester dans un contexte pareil est certainement celle relative au fait que vous êtes présent et que tenter de vous rouler dessus n'est vraiment pas une bonne idée (je vous renvoie à l'article sur les comportements nocifs, je dais allusion ici au "Tank").

Il arrive que, en situation de rivalité, certains managers choisissent de "laisser couler". Mon conseil n'est pas de vous inviter à rentrer dans une compétition exacerbée et ouverte, qui pourrait être perçue comme un comportement particulièrement puéril, mais bel et bien de tenir votre place, conscient et réaliste de ce qui est en train de se jouer.

Demandez régulièrement où le projet en est, ce qu'il reste à faire, et qui est chargé de quoi. En somme, ne perdez pas le fil de l'action.

2. Pas de coups bas

Ce n'est pas parce que vous êtes dans une dynamique d'adversité que vous devez vous laisser aller à vos impulsions de bas instincts, aussi tentant et possible que cela puisse être.

Gardez deux choses en tête :

  1. le reste des équipes vous regarde,
  2. une fois le projet et le tumulte lié fini, vous retournerez probablement travailler avec ces mêmes équipes, qui garderont un souvenir sensible de vos agissements.

Aussi contre intuitif que cela puisse paraître, en situation de collaboration/compétition avec un rival, c'est vers vous-même que vous devrez vous tourner. Travaillez assidûment pour rester stable émotionnellement. En d'autres termes, ne négligez pas votre routine de sommeil, ou d'activité physique si vous en avez une, à l'argument que c'est une "période intense pour vous". Il est possible que ce soit précisément maintenant que vous en ayez le plus besoin.

3. Toutes les émotions sont ok, les comportements pas toujours

Dans la continuité du point précédent, il est évident que travailler avec un rival peut nous faire passer, et cela très rapidement, d'un état émotionnel à un autre.

Je vais être direct : toutes les émotions sont acceptables.

Ne vous encombrez surtout pas avec de fausses croyances qui vous feraient vous imaginer que vous êtes "moins ceci" ou "plus cela" que les autres. Ceci étant dit, ce qui pourrait poser problème est clairement la traduction comportementale de ces dernières dans le monde physique.

Gardez aussi à l'esprit que le fait de vous "maltraiter" émotionnellement peut faire partie du plan de votre rival.

4. Protégez-vous

Ne pas entrer en compétition déclarée et en adversité exacerbée ne veut pas dire tout accepter stoïquement pour ne pas envenimer la situation.

En écho au point n°2, dans lequel je parlais de stabilité, je développe ici par le fait de rester assertif. C'est à dire de ne pas attaquer mais de ne pas vous laisser marcher dessus pour autant. Exprimez vos besoins et indiquez lorsque vous n'êtes pas d'accord.

Enfin, quand bien même les tentatives de tacles et de réduction de vos idées par vos rivaux s'intensifieraient, questionnez les raisons qui poussent votre interlocuteur à formuler ce jugement. Restez systématiquement factuel et pragmatique. Normalement, la conversation devrait s'écourter d'elle-même.

Pas de coups bas. Stabilité. Assertivité.

N'hésitez pas non plus à monter d'un cran votre niveau de respect des procédures. Envoyez des mails, confirmez par écrit tout ce qui pourrait être sujet à débat plus tard.

La protection la plus efficace est parfois la plus accessible.

5. Cherchez systématiquement la sortie

Si, malgré tous vos efforts, un conflit ouvert venait à éclater, voici la règle d'or : cherchez dans chacune de vos phrases la sortie de crise.

C'est-à-dire que si vous cherchez à avoir raison vous alimenterez le conflit car vous accepterez implicitement le combat d'ego, de périmètre ou de pouvoir que votre rival vous propose. Si vous cherchez la sortie, la crispation ne se fait plus sur l'autre mais sur ce qu'il faut faire, en intelligence et en position "d'Adulte " (au sens de l'Analyse Transactionnelle) pour avancer.

N'hésitez pas non plus à verbaliser votre action : "Pierre, on cherche la sortie ou celui qui aura raison ?".

Bon attention, j'ai dit pas de coups (trop) bas.

Conclusion réflexive

Bravo, vous avez survécu. C'était éprouvant, particulièrement stressant voire désagréable, mais vous l'avez fait.

La vérité c'est que votre travail de croissance n'est pas fini, au contraire.

Prenez le temps de vous mettre face à vous même. Identifiez les sources de stress intense au cours de cette période.

Cet exercice peut d'ailleurs être fait avec un coach professionnel. Si vous en cherchez un, j'en connais un très bon 😌

Ensuite, même si l'exercice vous dérange, marquez sur une feuille, tout ce que travailler avec ce rival vous a appris. Que fait-il mieux que vous ? Comment le fait-il ? Avait-il des points de vue intéressants ?

Enfin, je vous propose d'accéder au statut de Chevalier.

Envoyez-lui un email de remerciement en citant les points positifs que vous venez de noter.

Je suis certain que vous pouvez le faire.

Tous mes vœux de succès.

Olivier KAMEL


Que vous souhaitiez faire un point sur vos pratiques, que vous soyez face à un défi managérial, ou encore que vous souhaitiez vous lancer sur un chemin de transformation, je vous offre 30 minutes de mon temps pour en discuter avec vous.

Quel coach pour m’aider en management ?
Olivier Kamel est spécialiste du management depuis 2013 et coach professionnel de managers (accrédité ACC par l’ICF).