Manager et prise de parole. Toute une histoire.

Comment bien prendre la parole en public en tant que Manager ? Peut-être l'une des questions qui, à sa simple évocation, suscite un stress instantané. Dans cet article, je casse les mythes et vous donne mes astuces et règles pour captiver tous vos auditoires.

Manager et prise de parole. Toute une histoire.
Photo de Matt Botsford

Avec cet article je vous propose de passer en revue les différentes craintes générées par la prise de parole en public ainsi qu'une liste de techniques essentielles pour véritablement se sentir à l'aise et percuter l'auditoire.

Mais avant toute chose, cassons un mythe :

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Parler en public n'est pas un don. C'est un mélange de préparation rigoureuse, de techniques maîtrisées et d'une compréhension claire des dynamiques de communication.

Le mythe du "don" pour parler en public est dangereux, car il décourage ceux qui pourraient s'améliorer avec du temps et de l'effort.

Nous le savons tous, le principal ennemi lors d'une prise de parole en public est le stress.

Peut-être même le ressentez-vous à la lecture de ces lignes. La salle remplie qui vous attend, le brouhaha des discussions, la chaleur ou la fraîcheur de la pièce dans laquelle vous rentrez, le vidéo projecteur déjà allumé et qui vous éblouit lorsque vous prenez votre place...Bref, vous avez compris.

Les sources réelles de trac en prise de parole en public

1. La peur du jugement social

Nous pouvons nous raconter l'histoire que nous voulons, que nous ne "vivons pas pour les autres", que nous ne nous "habillons pas pour les autres", mais une fois ce déni social effacé, c'est quand-même le regard, et le jugement potentiel, des autres qui nous perturbe le plus.

Nous sommes des êtres sociaux, profondément influencés par la manière dont les autres nous perçoivent. La peur de faire des erreurs qui nourrit la peur sur le plan professionnel ou simplement d'être rejeté par son auditoire, sur un plan plus individuel et personnel.

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Conseil : vous ne pourrez pas travailler sur les cerveaux des personnes qui vous écoutent, alors travaillez sur vous-même, et voici comment : réalisez toutes les actions d'installations et de présentation LENTEMENT. Je n'ai pas dit calmement, mais bel et bien lentement. Le fait de ralentir la cadence physique vous met instantanément en conscience et envoie un message d'apaisement à votre cerveau. Plus vous gesticulerez et vous exciterez plus vous créerez une boucle comportementale.

2. Le "perfectionnisme" (manifestation du syndrome de l'imposteur)

Bien que j'ai horreur de ce terme tellement il a été dévoyé, je l'utilise car je suis certain que vous comprenez l'idée derrière : arrêtez de penser que ce n'est pas assez bien.

De nombreux professionnels, surtout des femmes, se disent que ce n'est jamais "à la hauteur". La mécanique ici est la suivante : je me fixe des standards extrêmement élevés car je pense que mon audience a les mêmes, alors que je n'en sais, pour la plupart du temps, rien du tout. Se crée alors une spirale sans fin de tentative d'amélioration de ce qui est déjà pleinement satisfaisant.

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Conseil : pour trouver l'équilibre, questionnez et reformulez la demande de votre client, qu'il soit interne ou externe. Vous pouvez aussi utiliser la technique de la "vente de l'idée", c'est à dire, qu'avant d'engager la production de votre présentation, vous expliquez avec précision ce que vous comptez faire et faites valider ce "projet" directement par le client.

3. L'anticipation négative

En d'autres termes, vous mettez un point d'honneur à imaginer tout ce qui pourrait mal se dérouler (oubli du "texte", bégaiement..). Et comme le cerveau a beaucoup d'imagination, cette anticipation négative peut vous emmener dans de véritables abysses.

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Conseil : si vous sentez votre esprit partir sur une réflexion de ce type, entamez une tâche car cela signifie que votre cerveau a du temps et de l'espace pour "se promener". Si c'est la nuit, ouvrez un livre.

4. La peur de l'inconnu

Principalement, cette peur se caractérise au travers de deux éléments clés : le fait de ne pas savoir qui sera dans l'auditoire et le fait de ne pas connaître les questions à l'avance qui, j'en conviens, peuvent parfois nous surprendre.

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Conseil : concentrez-vous sur vous-même plutôt que d'envoyer votre attention et votre énergie sur les personnes qui pourraient, potentiellement, être présentes. En d'autres termes, gardez le maximum d'énergie pour atteindre le niveau auquel vous aimeriez parvenir, sans tenir compte que ce niveau ne soit modifié par la présence d'un individu en particulier. Si vous prenez l'habitude de fournir un travail égal quel que soit l'auditoire, vous ne craindrez aucune situation car vous les aurez toutes lissées. Enfin concernant les questions, j'ai deux choses à vous dire : la première c'est que vous pouvez préparer les principales en demandant à d'autres personnes, en amont du jour J, de vous mettre au défi. La deuxième est d'essayer de voir la question comme la possibilité de répondre spontanément, manifestant ainsi votre expertise, tout en allant plus en profondeur sur certains sujets.

5. Les réactions physiologiques

Le fait de parler en public peut-être perçu par le corps comme une situation de danger et provoquer des réactions physiques incontrôlables. La montée d'adrénaline peut entraîner de nombreuses réactions telles que : l’accélération de la fréquence cardiaque, des rougeurs au niveau du cou et du visage, des maux de ventre et, bien entendu, une transpiration plus importante. Ces signes physiques sont, malheureusement, toujours interprétés comme négatifs alors qu'ils ne sont que la réaction du corps qui se prépare à une "épreuve".

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Conseil : reprenez le conseil du point n°1 (ralentissez votre rythme de mouvement) et buvez de l'eau. Je sais, vous vous attendiez à plus, mais il n'y a pas grand chose à faire lorsque l'adrénaline est sécrétée et que vous ne pouvez plus vous isoler pour respirer.

6. Confondre préparation et contrôle

Je vais être bref et direct sur ce point : prendre la parole public c'est accepter de n'avoir le contrôle sur rien d'autre que votre discours.

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Conseil : préparez votre présentation et soignez votre discours, puis laissez la responsabilité du comportement de l'audience...à l'audience.

Bien, maintenant que vous n'avez plus peur de rien, voyons comment augmenter le niveau de percussion de vos prises de parole. Je préfère annoncer la couleur, je ne vais pas vous faire un cours PowerPoint et vais principalement m'intéresser à la posture.

Les techniques pour prendre la parole en tant que manager

1. Projetez votre voix

Projeter la voix, c'est s'assurer de savoir respirer avec le ventre pour donner plus de puissance et d'assurance à la voix sans crier et sans se fatiguer. Le but est d'atteindre la totalité de la salle sans qu'aucun des participants ne se sente agressé.

Projeter sa voix s'apprend, vous pouvez vous rapprocher d'un coach vocal qui vous apprendra notamment à utiliser correctement votre diaphragme et vos cordes vocales.

Vous n'imaginez pas (ou peut-être que si) l'impact qu'une voix claire et sûre peut avoir sur vos interlocuteurs. Une voix projetée transmet confiance et maîtrise. Vous apprendrez également à varier l'intensité, pour créer des moments de tension et de relâchement, avec une diction parfaite.

2. Ne parlez jamais plus fort que votre audience

Des conversations parallèles se créent pendant que vous parlez ? Je sais qu'il est tentant d'élever le niveau de la voix pour les couvrir.

Ne faites surtout pas ça. Tout le monde comprendra que vous avez perdu l'attention d'une partie de l'assemblée, que ça vous agace et que vous êtes, peut-être aussi, en train de perdre le contrôle de vous-même.

Taisez-vous et, si besoin, fixez avec bienveillance les personnes qui discutent. Vous pouvez également leur demander si elles veulent intervenir ou, dans le cas où, malgré les gentils rappels, elles continueraient, leur demander si tout va bien, ou s'il y a une urgence. Evidemment, c'est à vous de décider si ce type de remarque est approprié.

3. K.I.S.S.

Je ne suis pas un grand fan des anglicismes mais celui-ci s'applique parfaitement.

K.I.S.S. pour Keep It Short and Simple (faites court et simple). En d'autres termes, je vous recommande au maximum, par slide : 3 idées, 30 mots.

Si vous lisez le texte présent sur votre présentation, alors vous devenez instantanément inutile voire ridicule. Qui a besoin d'un manager dont la principale qualité lors d'une prise de parole est la lecture !

Vous devez servir à l'audience des informations qui ne sont pas rédigées sur votre présentation. Sinon, vous ne serez plus écouté au profit de la lecture directe depuis le document.

4. Montrez le chemin, travaillez vos transitions

Quel que soit votre niveau hiérarchique : lorsque vous prenez la parole c'est VOUS le patron. Relisez cette phrase.

N'imaginez jamais que vous êtes simplement le "présentateur". Soit vous montez sur scène pour y aller franchement, soit vous laissez votre place à un autre. Prendre la parole en public n'est pas une affaire qui se fait à moitié.

Une fois que vous comprenez que c'est vous le capitaine, vous comprenez aussi que vous allez devoir guider votre audience au travers des différentes notions.

Pour y arriver, travailler les transitions. Qu'elles soient d'ailleurs entre les idées sur un même slide ou entre deux slides.

La technique ici est double :

  1. Utilisez toujours les mêmes termes ou expressions pour introduire et conclure une slide ou une notion. Vous pourrez garder les mêmes termes pour l'ouverture et la fermeture d'une slide mais tâchez de varier les plaisirs lorsqu'ils s'agit de notion intra-slide. Cette technique vous permet d'aboutir sur le point suivant...
  2. Apprenez la musicalité de votre présentation. Plus vous respecterez le point précédent, plus vous créerez dans votre cerveau un ancrage mélodieux de votre présentation. C'est presque une chanson que vous apprendrez et que vous prendrez plaisir à chanter.

5. Ne répondez jamais aux questions pendant la présentation.

Voyez les questions que l'on vous pose pendant votre présentation comme un puit dans lequel on vous propose, parfois très gentiment et en toute bienveillance, de sauter.

Les questions cassent la musicalité de votre intervention ainsi que le fil conducteur de votre discours. Elles peuvent également vous déstabiliser et commencer à générer un stress inutile. Indiquez que vous traiterez toutes les questions à la fin, une fois que le message est complètement délivré.

Alors, bien entendu, il est possible que vous ayez l'un de vos collègues qui vous rétorquent "c'est juste que j'ai peur d'oublier ensuite"....Invitez-le à la noter sur son téléphone.

Tous mes vœux de succès

Olivier KAMEL


Que vous souhaitiez faire un point sur vos pratiques, que vous soyez face à un défi managérial, ou encore que vous souhaitiez vous lancer sur un chemin de transformation, je vous offre 30 minutes de mon temps pour en discuter avec vous.

Quel coach pour m’aider en management ?
Olivier Kamel est spécialiste du management depuis 2013 et coach professionnel de managers (accrédité ACC par l’ICF).